Voilà un sujet qui m'occupe l'esprit depuis quelques temps. Quand on ouvre et tient un blog, cette question de l'anonymat se pose forcément. Pour ma part, quand j'ai ouvert le mien il y a presque trois ans, j'ai très vite décidé que je ne montrerais pas mon visage ni même dévoilerais ne serait-ce que mon prénom (alors mon nom, n'en parlons pas !). Et puis, certaines personnes faisant partie de mon quotidien (les auxiliaires de vie surtout, avec qui je rencontrais beaucoup de difficultés à cette époque) ne devaient surtout pas avoir connaissance de mon blog et de mes écrits.
Cette question de l'anonymat était évidente pour moi. Cela était même nécessaire pour que je puisse oser écrire mes articles sur le blog. Parce qu'être anonyme, c'est d'une certaine manière se sentir protégé. En sécurité. Je sais que je n'aurais jamais su mettre des mots sur certains de mes ressentis ou souffrances si je n'avais pas été cachée derrière mon écran.
Parce que ce qui a motivé l'ouverture de ce blog à l'époque était de pouvoir me soulager en écrivant sur ma maladie, mes difficultés au quotidien. J'avais un doux espoir que mes témoignages toucheraient d'autres personnes et que les échanges avec celles-ci m'aideraient moi-mieux. Vous comprenez ? Je voulais trouver des personnes qui vivaient la même chose que moi et qui comprendraient très bien mes difficultés, mes doutes.
Être anonyme a un côté décomplexant, je trouve. Moi qui suis plutôt timide, je me suis découvert une vraie délivrance dans l'écriture. J'ai appris à me livrer davantage. Je peux avouer sans gêne que j'ai réussi à écrire sur des sujets que je n'arrivais jamais à aborder avec mes amis ou ma famille dans la vraie vie. Pour ça, je sais que j'ai pris la bonne décision.
Il y a quelques semaines, je ne sais pas vraiment vous dire pourquoi mais j'ai eu l'envie ou peut-être même ressenti le besoin de me livrer un peu plus à mes lecteurs. De dévoiler quelques éléments un peu plus personnels sur moi. Ça ne paraît pas mais quand on a fait ce choix si catégorique de l'anonymat complet au départ, c'est une étape vraiment importante. Et me concernant, j'ai vraiment eu l'impression de passer un palier. Vous allez probablement vous moquer de moi mais j'ai notamment révélé mon prénom dans cet article. J'ai d'ailleurs été ravie et touchée de l'accueil qu'a reçue cette nouvelle confidence. Je ne sais pas l'expliquer mais j'ai l'impression d'avoir fait un pas vers mes lecteurs et de me sentir plus proche d'eux.
Pour ceux qui me suivent régulièrement, et en particulier sur ma page Facebook, vous savez que j'ai l'habitude de faire et montrer des photos de moi de dos dans tous les endroits que je peux visiter. Pour montrer que malgré le fauteuil roulant, je peux vivre comme tout le monde et profiter de la vie. Et, récemment, plusieurs personnes m'ont demandé pourquoi je ne montrais jamais mon visage. Visiblement, cela interpelle les gens.
Par la force des choses, cela m'a fait réfléchir au pourquoi du comment je ne montrais jamais mon visage sur les photos que je partage. Et en fait, je me suis plutôt posée la question dans ce sens là: qu'est ce que cela apporterait de plus à mon blog de le montrer ? Et je vais peut-être en décevoir certains mais je trouve que cela n'apporterait rien de plus. En tout cas, rien de qualitatif ou d'indispensable. J'ai déjà la sensation de me livrer énormément, de partager beaucoup de choses personnelles. C'est un peu le principe d'un blog, me direz-vous. Oui. Mais justement. Je choisis les rares choses que je ne veux pas dévoiler. Que je garde pour moi. Et mon visage en fait partie. C'est mon jardin secret. Cette petite chose, ce petit détail qui font que je me sens à l'aise avec mon espace si personnel. Que je n'ai pas de peur de ce que je peux dévoiler sur ma maladie, sur ma vie. Et tout un tas de choses.
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Et puis, je sais que cette petite réserve de ma part ne m'empêche jamais d'échanger avec les autres, d'être disponible et accessible pour partager sur des expériences communes. Et je crois que c'est bien là l'essentiel, non ? Qu'en pensez-vous ?